IRIB- Toujours inscrit sur les listes américaine et européenne des organisations terroristes, le Hezbollah libanais est engagé, officiellement, depuis l’été 2013, et en première ligne, contre les factions terroristes de Nosra, (Al-Qaïda, en Syrie), et de l’organisation «Etat islamique» (Dae’ch). Environ, 5.000 de ses combattants défendent, quotidiennement, la frontière libanaise d’Erssal, tout le long de la Bekaa-Est. Plusieurs membres de la rédaction du proche-moyen-orient.ch se sont rendus, sur le terrain.
Alors que la plupart des combats, menés par le Hezbollah, à la frontière libano-syrienne, se concentraient, jusqu’à maintenant, contre le Front Al-Nosra, dans la région du Qalamoun, c’est Dae’ch, qui a, dernièrement, fait monter la tension d’un cran, dans la région, en menant plusieurs assaut contre des positions avancées de l’organisation chi’ite. Pour la première fois, les deux formations se sont affrontées, dans les jurds (massifs) du Qaa et de Ras Baalbeck, deux zones chrétiennes de la Bekaa septentrionale, au Nord d’Erssal.
Les combattants du Hezbollah ont contré l’assaut jihadiste, lancé depuis la région du Kahf, à l’Est du jurd de Ras Baalbeck, ciblant ses positions frontalières de Qornet el-Samarmar et Qornet el-Mazbaha. Les combats, d’une extrême violence, se sont propagés, jusqu’à la région de Naamate, dans le jurd de Qaa. Faisant de nombreuses victimes, dans les rangs de Dae’ch, le Hezbollah a poursuivi son offensive, détruisant cinq véhicules blindés terroristes, à Zoueitiné et Jeb al-Jarad, ainsi qu’une rampe de lancement, pour roquettes, à Qornet al-Kaf.
L’un des «émirs» de Dae’ch et plusieurs de ses dirigeants ont été tués, à la suite d’un assaut, repoussé dans le jurd de Ras Baalbeck. Quatorze corps sont aux mains du Hezbollah.
Simultanément, dans le jurd d’Erssal, l’organisation chi’ite a neutralisé une concentration de Dae’ch. L’un des dirigeants de l’«Etat islamique», au Qalamoun, le ressortissant saoudien, Walid Abdel Mohsen al-Omari, a, aussi, été tué, durant cette attaque, confirmant, une nouvelle fois, l’implication de l’Arabie saoudite, dans les opérations terroristes, menées sur la frontière libano-syrienne. Une autre contre-attaque victorieuse du Hezbollah a été menée, à Chaabet el-Mahbas, dans le jurd d’Erssal. Elle a fait, également, de nombreuses victimes, dans les rangs des factions terroristes, suite au minage de la ligne de crête de Ras Baalbeck.
Ali Mokdad, le député de Baalbeck-Hermel, a déploré la mort de six combattants du Hezbollah : «Les habitants de la région du Qaa et de Ras Baalbeck sont, désormais, rassurés, sur les capacités défensives de la Résistance. Après ces derniers affrontements, ils sont certains que le Hezbollah est, parfaitement, en mesure de repousser les tentatives d’infiltration des terroristes, sur le territoire libanais. Une majorité des habitants d’Erssal, aussi, sait, aujourd’hui, que ces victoires sont acquises, au profit de l’ensemble de la population libanaise, et pas seulement, pour défendre la seule région de la Bekaa».
En coordination avec le Hezbollah, l’armée libanaise a renforcé son déploiement autour d’Erssal. Des hélicoptères ont été engagés contre les Jihadistes, dans le jurd de Ras Baalbeck, et plusieurs unités des forces spéciales libanaises ont pris position, au Qaa. Le père Elian Nasrallah a confirmé les effets de cette coordination entre l’armée et les unités du Hezbollah, en soulignant que les combattants chi’ites évitent d’investir les localités, afin d’éviter de prêter le flan aux critiques récurrentes de la droite libanaise, (le camp dit du 14 mars), accusant l’organisation chi’ite de mener une «guerre communautaire».
Dans ce contexte, particulièrement, éclairant, le Serial-Killer Samir Geagea, qui préside les Forces libanaises (FL) – alliées de l’Arabie saoudite et d’Israël -, a osé exprimer son «soutien total» à l’armée libanaise, estimant que «si chacun donnait libre cours à ses propres plans, le pays plongerait dans le chaos et la destruction», en ajoutant : «Sommes-nous dans un Etat ou pas ?» C’est l’hôpital, qui se fout de la charité… et le pompier-pyromane, qui récidive, après avoir estimé, à plusieurs reprises, que Dae’ch et Nosra ne représentaient pas de réelle menace, pour la souveraineté et l’intégrité du Liban !
Lorsqu’on connaît l’état structurel de sous-équipement de l’armée libanaise, dont Washington et Tel-Aviv ne veulent, toujours, pas qu’elle soit, suffisamment, dotée en moyens opérationnels autonomes, tous les experts militaires sérieux reconnaissent, unanimement, aujourd’hui, que c’est le Hezbollah, qui assure la principale charge de la défense du territoire libanais contre les terroristes de Dae’ch et de Nosra.
Il convient de relever ici l’incohérence très curieuse des choix stratégiques américains et français. Si un drone américain vient de tuer Nasser el-Wahichi – le chef d’Al-Qaïda, au Yémen -, les services spéciaux américains poursuivent leur appui logistique aux unités d’Al-Qaïda, (Nosra), engagées, en Syrie et contre le Liban… Messieurs Hollande et Fabius ne sont pas en reste, en continuant, aussi, à armer et renseigner les terroristes de Nosra, qui menacent Damas et la ville frontalière de Homs… Si les Américains gèrent la situation, au cas par cas, en fonction de leur négociation principale, sur l’avenir du nucléaire iranien, la position de Paris est on ne peut plus claire : coller aux basque du nouveau Salman d’Arabie saoudite, afin d’assurer les importants contrats commerciaux en cours, (environ, 35 milliards d’euros), avec les pays du Golfe, (non seulement, l’Arabie saoudite, mais aussi, le Qatar et les Emirats arabes unis, qui ont, dernièrement, honoré la facture de la vente des avions français “Rafale” à… l’Egypte).
Cette brillante «diplomatie économique», dite, officiellement, «sunnite», tant vantée par Laurent Fabius, pourrait – à terme – coûter très cher à la France éternelle. Non seulement, les monarchies pétrolières wahhabites continuent à financer les groupes terroristes, qui tuent des soldats français, au Sahel -, non seulement, Riyad, Doha et d’autres Emiratis continuent à soutenir les Salafistes, très actifs dans les banlieues françaises -, mais la campagne militaire, déclenchée au Yémen, par l’Arabie saoudite, pourrait s’avérer, prochainement, catastrophique, pour la stabilité interne de la monarchie pétrolière elle-même. Que fera Paris, lorsque les attentats se multiplieront, en Arabie saoudite ?
«Politique sunnite» de la France ? A quand une politique papou, celte ou bouddhiste ??? Quoiqu’il en soit, en continuant de nier le rôle défensif irremplaçable du Hezbollah, pour l’intégrité du Liban, en continuant à vouloir détruire Bachar al-Assad, plutôt que Nosra et Dae’ch, pour mieux exporter ses canons, ses avions et ses bateaux, Paris a décidé de s’engager, clairement, comme partie liée aux conflits proche et moyen-orientaux. Rompant, ainsi, avec plus de quarante ans de diplomatie gaulliste équilibrée, de médiation et de bons offices, les successeurs de Guy Mollet et des néoconservateurs américains ont pris une très lourde responsabilité…
Sacrifier l’intérêt national de la France aux intérêts, à courte vue, des marchands du CAC-40, ne suffira pas à produire une diplomatie durable, juste et équitable.